Tout agent pathogène qui pénètre les barrières de l'organisme provoque une réaction du système immunitaire et donc de l'inflammation ; la réaction inflammatoire est visible, palpable et provoque rougeur, chaleur, douleur et oedème. L'inflammation de bas grade est cependant moins connue. Celle-ci n'a rien de visible, elle est sous-jacente, de bas grade, et évolue de manière insidieuse dans l'organisme. Elle est pourtant à l'origine de maladies chroniques si elle n'est pas prise en charge rapidement.
Quelles sont les barrières de l'organisme ?
Les muqueuses sont les barrières de l'organisme, les premières à le protéger contre toute agression. Ce sont : la peau, l'épithélium respiratoire, les alvéoles pulmonaires et la barrière intestinale. Cette dernière est la barrière la plus étendue de l'organisme, environ 1000 m2.
Lorsqu'un pathogène, un corps étranger, pénètre ce premier système de défense, c'est le système immunitaire qui se déploie. Les agents du système immunitaire, macrophages, monocytes, mastocytes etc... produisent des molécules oxydantes, induisant ainsi de l'inflammation qui permet de lutter efficacement contre les pathogènes. Toutes les pathologies dont le suffixe est "ite" sont des inflammations de type aigü : tendinite, rhinite, conjonctivite, sinusite, cystite ...
Lorsque l'inflammation est aigüe il faut être vigilant, la traiter de façon à ce que le système immunitaire ne s'emballe pas jusqu'à ce que la douleur devienne chronique.
Comment se déclenche une inflammation chronique ?
Plusieurs facteurs sont à l'origine de cette inflammation : l'alimentation, le stress, la sédentarité, les perturbateurs endocriniens, les polluants etc...
L'inflammation chronique n'est pas forcément douloureuse, en tout cas pas au début. Elle est sournoise et se déploie petit à petit au fil des années, liée à une mauvaise hygiène de vie, au stress, à la consommation de tabac, d'alcool, à la sédentarité, à une alimentation dénutrie, telle que la junk food, l'alimentation industrielle...
L'inflammation chronique peut alors aller jusqu'à la maladie auto-immune, le système immunitaire se mettant à attaquer notre propre organisme.
Il existe de nombreux signaux qui nous avertissent :
- la graisse abdominale chez les personnes en surpoids est un facteur important de production de médiateurs de l'inflammation,
- toutes les douleurs digestives, articulaires, musculaires,
- les infections à répétition, otites, sinusites, cystites, digestives,
- les troubles cutanés : dermatites, eczéma, acné...
- le stress chronique avec anxiété, troubles du sommeil...
- un vieillissement prématuré ...
Intestin et immunité
Environ 80% des cellules du système immunitaire sont déployées le long de la barrière intestinale, ce qui, outre sa superficie, en fait une des barrières les plus importantes de l'organisme.
On comprend dès lors le rôle majeur qu'elle joue dans l'inflammation.
De plus l'intestin est en lien permanent et étroit avec le cerveau permettant ainsi de nombreux échanges et une influence de l'un sur l'autre.
Pour exemple, le stress va agir sur la digestion via le nerf vague, empêchant une bonne absorption des protéines, provoquant un déséquilibre des bactéries intestinales (dysbiose), un déficit de vit.B12, des gaz mal odorants liés aux métabolites synthétisés par les bactéries intestinales Gram- qui se retrouvent en surnombre. La dysbiose et le stress provoqueront à terme une perméabilité de la barrière intestinale, laissant passer des molécules qui n'ont pas vocation à se trouver dans le sang. Le sytème immunitaire va alors réagir afin de les neutraliser, déclenchant la réaction inflammatoire. En outre, la sérotonine, neurotransmetteur du calme et de l'apaisement de fin de journée, est produite à 95% dans l'intestin à partir d'un acide aminé essentiel apporté par l'alimentation : le tryptophane. Elle est également le précurseur de la mélatonine (hormone du sommeil).
Or, en cas d'inflammation sous-jacente, silencieuse, sa production est moindre car le tryptophane est détourné dans d'autres voies et en particulier pour produire de la kynurénine, métabolite permettant la synthèse de vit.B3 utile pour la production de l'énergie de l'organisme.
Les conséquences :
- synthèse de mélatonine diminuée avec troubles du sommeil voire insomnies
- agressivité, irritabilité, addictions à l'alcool, l'alimentation, le tabac, le sport, grignotage sucré de fin de journée...
La perméabilité intestinale accroît les intolérances et les allergies alimentaires réunissant les conditions pour une évolution vers les maladies auto-immunes.
Le foie dont la fonction principale est de détoxifier, connait un surcroit de travail, il se retrouve engorgé, connait une augmentation inflammatoire, une diminution de la sensibilité à l'insuline, une augmentation de la lipogenèse (synthèse de lipides, gras), qui finira par produire une stéatite puis une stéatose dite non alcoolique chez les personnes ne buvant pas, bien plus accrue chez les personnes buvant régulièrement (ce qui s'apparente à de l'alcoolisme). La stéatose évolue vers le cancer du foie.
Au niveau des muscles, il y a accroissement de l'inflammation ainsi qu'une diminution de la sensibilité à l'insuline.
Le stress, l'alimentation, l'alcool, la grossesse, la ménopause, les infections, les antibiotiques ... sont tous des causes de perméabilité intestinale, ce qu'on nomme également Leaky Gut.
Rétablir la barrière intestinale est primordial afin d'éviter une évolution vers des situations inflammatoires chroniques. Celles-ci sont irréversibles. Les anti-inflammatoires aideront un certain temps jusqu'à ne plus produire d'effets. Il est donc important de prendre en charge l'inflammation de bas grade, y compris dans les maladies chroniques ; dans les maladies inflammatoires, elle stoppera l'évolution vers de la chronicité, dans les maladies chroniques, elle permettra si ce n'est de guérir, au moins de stopper l'évolution et d'améliorer les symptômes et douleurs. Une prise en charge est fonction de chaque individu et la seule prise de probiotiques est souvent très insuffisante.
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